Gard : Des capteurs connectés par satellite pour prévenir les incendies : une entreprise déploie une solution spatiale anti feu de forêt pour aider les pompiers.

Un nouveau dispositif de prévention des feux de forêts a été mis en place au Pont du Gard par l’entreprise toulousaine Kinéis, l’établissement public Entente Valabre et les pompiers du Gard. Le projet est financé par les pouvoirs publics dans le cadre du plan France 2030.

Des petits capteurs plantés dans les arbres, pour mesurer en temps réel le niveau de dioxyde de carbone ambiant et alerter automatiquement les pompiers à la moindre suspicion d’incendie.

Le dispositif peut sembler futuriste, pourtant il vient d’entrer dans sa première phase d’expérimentation dans le Gard, à proximité du site historique du Pont du Gard.

Des capteurs de la taille d’une main

Au moyen d’une simple perceuse, d’une échelle et d’un marteau, 120 capteurs connectés, appelés « devices Silvanet », ont ainsi été déployés les 31 juillet et 1^er août sur une zone de 313 hectares de forêt.

L’opération a été assurée par l’entreprise toulousaine Kinéis et l’établissement public Entente Valabre, en collaboration avec l’Office national des forêts (ONF) et avec les pompiers du Gard.

Les capteurs sont quant à eux conçus par la société allemande Dryad. Ces appareils d’à peine la taille d’une main sont fixés sur les arbres et doivent mesurer divers facteurs environnementaux comme le taux d’humidité, la pression et la qualité de l’air, la température.

« On peut les comparer à des petites stations météo en pleine forêt », résume Florian Hoorelbeke, responsable des sujets de sécurité civile à Kinéis.

Détecter les feux

Les capteurs possèdent leur propre intelligence en vertu d’un algorithme embarqué qui leur permet de déterminer, sur la base des différentes mesures récoltées, s’il y a effectivement un départ de feu ou non. Leur rayon d’opération est d’environ 100 mètres.

En cas de départ de feu, les capteurs émettent un signal réceptionné par les satellites appartenant à la « constellation » de l’entreprise Kinéis. Celle-ci compte 25 nanosatellites dédiés à la technologie dite « Internet of Things » (l’internet des choses), c’est-à-dire qu’ils permettent l’échange direct de données entre objets terrestres.

Les satellites transmettent l’information émise par les capteurs directement aux services d’intervention de la sécurité civile. Les pompiers reçoivent l’alerte sur leurs différents appareils opérationnels, notamment via une application mobile développée par Dryad.

Cette solution spatiale permet d’éviter les réseaux téléphoniques terrestres, rapidement saturés en cas de sinistre.

« L’envoi de données aux utilisateurs s’effectue en un maximum de 15 minutes », promet Kinéis.

Anticiper

Cette technologie active 24 heures sur 24 viendrait ainsi compléter l’arsenal technologique des pompiers pour le repérage des feux. « Le but est de travailler avec les technologies qui existent déjà, d’être complémentaire avec les autres outils », comme les vigies ou les drones, détaille Florian Hoorelbeke.

Mais l’intérêt spécifique de ce dispositif serait de fixer les incendies au plus tôt, conformément à la doctrine de détection précoce de départs de feu adoptée par les pompiers en France depuis les années 1980.

Toute la promesse, c’est de détecter les feux précoces. À la moindre petite fumée, la moindre petite combustion, les forces de sécurité civile sont alertées.Florian Hoorelbeke, de l’entreprise Kinéis

Incendie ou pas, les capteurs peuvent même récolter des informations toute l’année sur l’état de la forêt. En récoltant des données à intervalle régulier sur la qualité de l’air, les forces de sécurité civile pourraient ensuite faire des analyses pour établir les zones les plus à risque.

Plan France 2030

Le dispositif déployé au Pont du Gard est financé intégralement par l’État français dans le cadre de son plan « France 2030 ». Objectif : « rattraper le retard industriel français, investir massivement dans les technologies innovantes ou encore soutenir la transition écologique ».

Chaque capteur coûterait une centaine d’euros environ, indique Kinéis. Mais l’entreprise mène des études pour établir les possibilités d’économies d’échelles, dans la perspetive de déployer la technologie plus largement.

Le dispositif se veut peu consommateur en énergie, notamment avec un panneau solaire intégré aux capteurs dont la durée de vie est estimée à dix ans. En termes de données, la même sobriété est revendiquée : « les capteurs envoient des petits messages, très peu souvent », assure l’entreprise toulousaine.

Kinéis prétend ainsi développer une technologie capable de répondre à l’urgence climatique, alors que le nombre de feux devrait augmenter de 31 % d’ici la fin du siècle par rapport aux années 2010 d’après les Nations Unies.

Pour compléter cette entreprise franco-française, le Centre national d’études spatiales (CNES) joue le rôle d’opérateur principal du volet spatial.

source : https://france3-regions.franceinfo.fr/occitanie/gard/nimes/des-capteurs-connectes-par-satellite-pour-prevenir-les-incendies-une-entreprise-deploie-une-solution-spatiale-anti-feu-de-foret-pour-aider-les-pompiers-3197262.html